Des résultats de recherche sans "extrémisme, drogue, ou pornographie", mais qui mettent en avant les informations de l'Etat et de l'administration. C'est ce que prévoit un projet de moteur de recherche étudié par le gouvernement russe.
Selon les informations de la Gazeta, et malgré un démenti du ministère des télécommunications, le projet serait déjà bien avancé, et un prototype fonctionnel devrait être testé dès cette année. Doté d'un budget de 110 millions de dollars – très majoritairement financé par l'Etat, avec l'aide de partenaires privés, dans un premier temps – le moteur de recherche national est un projet très ambitieux. En plus des fonctionnalités classiques de recherche, il proposerait également un site de partage de vidéos, et un projet d'intelligence artificielle capable d'analyser les résultats de recherche.
En l'état, le projet consulté par la Gazeta semble sous-dimensionné eu égard à ses objectifs. Il prévoit un minimum de dix mille serveurs de 30 terabytes, à comparer avec le million de serveurs dont disposerait aujourd'hui Google, selon les dernières estimations.
CONTENU FILTRÉ
Mais au-delà de la technologie, c'est surtout sur le terrain politique que se positionne ce projet. Selon une source parlementaire, c'est lors de la guerre russo-géorgienne que le ministère des télécommunications aurait commencé à s'intéresser aux moteurs de recherche et aux agrégateurs d'informations, après avoir constaté que des articles défendant la Géorgie étaient aisément accessibles par les moteurs de recherche internationaux.
Yandex, le moteur de recherche numéro un en Russie et dans les pays russophones, propose déjà une version de son outil pour les écoles, qui filtre les résultats qui ne sont "pas adaptés" pour les plus jeunes. Avec la Chine, la Russie est l'un des rares pays où Google est nettement minoritaire dans le secteur de la recherche en ligne. L'Etat est présent au capital de Yandex, et détient un droit de veto sur la vente de plus d'un quart des actions de l'entreprise. Une proximité avec le Kremlin "inévitable", selon le PDG de l'entreprise. Fin 2009, le moteur de recherche avait mis fin à la publication de son classement des blogs les plus populaires, parmi lesquels figuraient plusieurs blogs d'opposants. Une décision perçue comme un signe de la mainmise grandissante du gouvernement sur le moteur de recherche.
Yandex, qui serait directement concurrencé par le projet de moteur de recherche d'Etat, n'a pas souhaité commenter les informations de la Gazeta.
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