Comme d'irréductibles Gaulois résistant à l'envahisseur romain, la communication financière reste imperméable à l'essor des réseaux sociaux. Mais peut-être plus pour très longtemps… Une étude conduite par l'agence Havas Worldwide Paris/AMO montre que de plus en plus de responsables des relations investisseurs s'interrogent sur l'opportunité que représente LinkedIn, Twitter et autres blogs ou forums pour communiquer. "C'est un secteur très concurrentiel. La compétition est mondiale pour attirer les capitaux des fonds de pension et des sociétés de gestion d'actif. Il faut mettre en avant sa société par rapport aux autres et donc il est normal d'avoir envie d'utiliser les nouveaux outils Internet, analyse Charles Fleming, partner chez Havas Worldwide Paris.
Pas ancré dans les habitudes
Bientôt des tweets annonçant les résultats financiers d'une grosse société du CAC40? Une photo Instagram des comptes? Si du côté des entreprises on a déjà l'habitude de communiquer sur les réseaux sociaux, les investisseurs institutionnels ne sont, eux, pas encore prêts à cette révolution. Et c'est bien là que ça coince désormais. Car si pendant longtemps les obligations en matière de communication financière concernaient peu de médias, elles intègrent désormais les réseaux sociaux.
"Les investisseurs institutionnels n'ont pas encore l'habitude des médias sociaux. Ils préfèrent appeler directement le PDG pour obtenir les informations qu'ils souhaitent", souligne Charles Fleming. Ainsi seuls 30% des grands investisseurs mondiaux interrogés consultent régulièrement au moins un média social (forum d'investissement, blog financier, Twitter, LinkedIn et Facebook) tandis que 45% de la population aux Etats-Unis et en Europe se connecte au moins une fois par mois à un réseau social.
Un passage obligé dans les années à venir
Et parmi les investisseurs institutionnels qui utilisent régulièrement les médias sociaux, les forums d'investissement, LinkedIn et les blogs financiers ont leur préférence devant Twitter et Facebook. "Ils sont noyés sur Twitter", avance Charles Fleming. Les gérants de fonds de pension estiment également que les médias sociaux manquent de crédibilité. Ils ont plutôt l'habitude de s'informer via les agences de presse, la presse écrite, ou directement sur les sites "corporate" des sociétés, jugés plus fiables.
Pour autant, que les responsables des relations aux investisseurs ne désespèrent pas. S'ils sont encore craintifs, les investisseurs institutionnels ont conscience qu'ils ne pourront plus longtemps rester étrangers à la communication 2.0. 82% s'attendent ainsi à ce que les médias sociaux deviennent une source d'informations plus importante à l'avenir.
Méthodologie: Cette étude a été conduite par l'agence Havas Paris/AMO au cours des mois de novembre et décembre 2013 auprès d'un panel de 105 investisseurs institutionnels dans 12 pays (Allemagne, Canada, Espagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Hong Kong et Chine, Italie, Pays-Bas, Pologne, Suède, Suisse) parmi lesquels les dirigeants des principaux fonds de pension, assurances et sociétés de gestion d’actifs dans le monde. Une série de questions leur a été posée : quelles sont vos sources d’informations parmi les médias traditionnels, les sites corporate des entreprises et les médias sociaux (dont forums et blogs)? Avec quelle fréquence les utilisez-vous? Quelle crédibilité leur accordez-vous ? Consultez-vous les médias sociaux à titre professionnel et lesquels parmi LinkedIn, Twitter, Facebook, les blogs et forums d’investissement ? Pensez-vous que les médias sociaux vont jouer un rôle plus important à l’avenir ?