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Analyse

Pas une si mauvaise affaire pour Google

Le géant de la publicité conserve la majeure partie des brevets de Motorola et suscite l'émergence d'un nouveau champion d'Android.

Par Solveig Godeluck

Publié le 31 janv. 2014 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Adieu les usines, retour aux algorithmes et à la publicité. Google se débarrasse du fabricant de smartphones Motorola en le cédant à Lenovo pour moins de 3 milliards de dollars. Ce montant semble bien faible rapporté aux 12,5 milliards de dollars versés vingt-deux mois plus tôt pour acquérir le pionnier américain du mobile. Pourtant, Google n'a pas tant perdu au change. Certes, il n'y a pas eu de surprise : le baiser de Mountain View n'a pas ranimé Motorola. Mais l'incursion dans le monde des équipementiers n'est pas restée vaine.

Sur un plan purement financier, l'équation est un peu plus complexe que cela. Motorola n'est pas seulement un foyer de pertes. Dans sa corbeille de mariée, il y avait plusieurs cadeaux. D'abord la trésorerie, 2,9 milliards de dollars cash qui sont allés rejoindre les coffres de Google. Ensuite les décodeurs, une activité déclinante revendue au groupe Arris pour 2,24 milliards de dollars. Surtout, le portefeuille de 17.000 brevets, valorisé 5,5 milliards de dollars dans les comptes de Google et dont la majeure partie demeure à Mountain View.

Propriété intellectuelle d'abord

Le rachat de Motorola visait essentiellement à sécuriser cette propriété intellectuelle. Auparavant, Google misait son succès sur le secret des affaires plutôt que sur le dépôt de brevets. Mais le groupe a dû opérer un virage sur l'aile pour protéger les clients de son système d'exploitation Android contre les procès intentés par Nokia ou Apple. Google a ainsi cédé certains brevets à HTC et étendu l'ombrelle de sa propriété intellectuelle au-dessus de LG, ZTE, Huawei, etc. Certes, la protection est faible, puisque les utilisateurs d'Android continuent à payer d'importantes royalties à Microsoft. Mais sans ces brevets, cela aurait sans doute été pire.

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Sur un plan industriel, Google est loin d'avoir tout perdu. Le groupe souhaitait bénéficier d'un laboratoire grandeur nature pour affiner Android, démontrer le bon fonctionnement de ce système d'exploitation lorsqu'il n'est pas altéré par des interfaces conçues par d'autres, et mieux maîtriser les problématiques de ses clients équipementiers - c'est chose faite. En revanche, Google a eu beau promettre que Motorola ne bénéficierait pas des dernières mises à jour d'Android avant tout le monde, il n'a jamais réussi à calmer l'inquiétude d'un Samsung ou d'un Sony. A présent, il n'y a plus d'ambiguïtés.

Entre Samsung et Google, qui entretiennent une relation complexe, c'est l'heure de l'apaisement et des gages de fidélité. Le week-end dernier, ils ont conclu un vaste accord de partage de brevets dans le mobile pour les dix ans à venir. La semaine précédente, l'opérateur japonais NTT Docomo renonçait à lancer les premiers smartphones équipés du système d'exploitation Tizen, un concurrent de Google créé de toutes pièces par un consortium dont le principal artisan est Samsung. Le premier vendeur d'Android dans le monde aurait-il renoncé à faire cavalier seul pour faire la paix avec Google ?

Quoi qu'il en soit, il y aura encore des tensions entre l'américain et le coréen. Car en cédant Motorola à Lenovo, un groupe qui a su réveiller les PC d'IBM, Google suscite l'émergence d'un deuxième champion d'Android capable de rivaliser, à terme, avec Samsung.

Solveig Godeluck

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