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Société

Mali: Talking point de Son Excellence Monsieur Abdoulaye DIOP, Ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale à l’occasion de sa rencontre avec les membres du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS) – Addis-Abeba, le 27 mars 2015

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"La paix menace beaucoup de gens et d'intérêts", a souligné M. Diop dans un entretien accordé lundi à des agences de presse, précisant que "toutes les pistes étaient examinées" concernant l'attentat meurtrier qui a frappé Bamako samedi, tuant trois Maliens, un Français et un Belge.

Excellence Madame la Présidente du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine, Your Excellency Anne Mamakan MUTELO ;

Excellence Monsieur le Commissaire en charge de la Paix et de la Sécurité de l’UA,

Monsieur le Haut Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, le Président Pierre BUYOYA;

Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Distingués Invités ;

Mesdames et Messieurs.

Permettez-moi tout d’abord de vous remercier, Madame la Président, pour l’aimable invitation qui nous a été adressée à prendre part à la présente réunion consacrée à l’examen du rapport de la Présidente de la Commission sur l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, et de vous dire combien de voir présider le Conseil de paix et de sécurité pour ce mois de mars, qui symbolise l’Indépendance de votre beau pays (21 mars) et le passage de témoin démocratique entre les Présidents POHAMBA et Hage GEINGOB.

Je voudrais aussi féliciter la Commission pour la qualité du rapport qui vient de nous être présenté et qui prend en charge les préoccupations du Gouvernement du Mali.

La délégation du Mali prend note des conclusions du rapport et voudrait par la même remercier le CPS et la Commission de l’UA pour tous les efforts fournis en vue du règlement de la crise malienne et de la stabilisation du pays.

Vous comprendrez que mes premiers mots soient également des mots de profonde gratitude de Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA, Président de la République du Mali, du Gouvernement et de l’ensemble du peuple maliens à l’endroit de notre Organisation commune, l’Union africaine, ainsi qu’à ses Etats membres pour l’appui multiforme et constant au processus de paix au Mali depuis janvier 2012, date à laquelle a commencé la plus grave crise de l’histoire de notre pays.

Dans ce chapitre, j’ai toujours grand plaisir à renouveler la reconnaissance du peuple du Mali en direction du Président Abdelaziz BOUTEFLIKA et du Gouvernement algérien pour l’engagement et le rôle déterminant joué par l’Algérie, en sa qualité de Chef de file de la Médiation internationale, en vue de la restauration de la paix, de la sécurité et de la stabilité au Mali. Nous saisissons cette occasion pour lui renouveler notre confiance ainsi qu’à toute l’équipe de la Médiation.

Il me plait de souligner ici le rôle constructif et actif de l’Union Africaine à travers son Haut Représentant, le Président Pierre BUYOYA dont la sagesse et le franc-parler ont contribué utilement au résultat appréciable atteint lors de ces pourparlers.

Je ne peux aller plus loin sans saluer solennellement chaque membre de la Médiation dont la patience, la perspicacité et l’engagement constants aux côtés du Chef de file ont permis des progrès certains vers la paix, la sécurité et la réconciliation au Mali. Je salue particulièrement le rôle pertinent joué par l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine, la CEDEAO, l’Union Européenne, l’Organisation de la Coopération Islamique, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Nigéria, le Niger et le Tchad.

Je salue le rôle et la contribution de la France au Mali et tous les sacrifices consentis.

J’adresse nos vifs remerciements à toutes les nations amies et organisations internationales partenaires qui ont manifesté leur solidarité vis-à-vis du Mali en envoyant sur le terrain leurs enfants ou leurs experts pour défendre les valeurs qui fondent notre humanité.

Je m’incline pieusement devant la mémoire de ceux qui sont tombés sur le champ d’honneur, au Mali, pour la défense de la dignité humaine, de la liberté, de la démocratie et de l’indépendance du Mali en tant que Nation.

Mesdames et Messieurs,

Comme vous le savez, le Processus d’Alger de dialogue inclusif inter-malien, entamé à Alger le 16 juillet 2014, a connu son aboutissement, le 1er mars 2015 à Alger, avec le paraphe du projet d’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, après huit longs mois de négociations difficiles. Cet accord est le résultat d’une démarche inclusive, impliquant le Gouvernement, la société civile malienne, les mouvements armés dans les régions du Nord du Ma li.

Les parties à la négociation, à savoir le Gouvernement de la République du Mali, la Plateforme des mouvements d’auto-défense ainsi que tous les membres de l’Equipe de la Médiation internationale dirigée par l’Algérie et la France ont paraphé le projet d’accord. Les Etats-Unis d’Amérique ont fait une déclaration de soutien au texte paraphé.

Hélas, la Coordination des mouvements de l’azawad (CMA) a refusé, à ce stade, de parapher ce document de compromis :

– malgré l’engagement qu’elle a pris, le 9 juin 2014, de s’investir pour résoudre pacifiquement le conflit du Nord du Mali à travers un accord de paix global et définitif avec le Gouvernement du Mali ;
– malgré les nombreux appels au dialogue lancés par le Conseil de sécurité des Nations Unies, l’Union africaine et la CEDEAO, à travers les résolutions, déclarations et communiqués sur la situation au Mali ;
– malgré la visite, le 17 mars 2015 à Kidal, de la Médiation pour convaincre la Coordination de ne pas rester en marge du Processus de paix au Mali…

Le refus de la Coordination de parapher le projet d’accord favorise les groupes terroristes et de narcotrafiquants dans leurs actions de déstabilisation du Nord du Mali et de toute la région du Sahel, voire au-delà.

Par ce refus, la Coordination marque également sa défiance à l’égard de la communauté internationale, car la Médiation représente cette communauté internationale dans le Processus d’Alger, une communauté internationale déterminée à imposer la paix au Mali.

En paraphant le projet d’accord, en toute responsabilité et malgré la non prise en compte de son Mémorandum de 12 pages d’amendements remis aux membres de la Médiation internationale, le Gouvernement du Mali a montré sa bonne foi dans la recherche de compromis dynamiques permettant de parvenir à une paix juste et définitive à la crise que traverse notre pays, et cela dans le respect strict des principes et des valeurs fondateurs de la République du Mali, en particulier une nation malienne forgée le long des siècles et restée une et indivisible : l’intégrité territoriale, la souveraineté, le caractère unitaire de notre État du Mali, sa forme républicaine, démocratique et laïque.

Par cet acte, le Gouvernement du Mali a voulu signifier la détermination du Président Ibrahim Boubacar KEITA pour la recherche d’une solution par le dialogue et sa disponibilité à consentir les sacrifices nécessaires pour la paix.

Pour le Gouvernement de la République du Mali comme pour la Médiation internationale, le paraphe du projet d’accord met ainsi fin aux négociations et gèle en même temps le texte, en vue de la signature au Mali, pour ouvrir ainsi la voie à la phase de mise en œuvre.

Le projet d’accord paraphé a été accueilli favorablement par la grande majorité des Maliens.

Aussi, le Gouvernement de la République du Mali attire l’attention de l’Equipe de Médiation et de toute la Communauté internationale, y compris le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine sur l’urgence d’agir pour amener la Coordination à prendre ses responsabilités pour éviter une détérioration de la situation, dans le contexte des agissements de ceux qui n’ont pas intérêt à la paix.

Dans tous les cas de figure, pour le Gouvernement du Mali, le temps des tergiversations et des manœuvres dilatoires est terminé. Le temps demeure notre principal ennemi. Il faut aller à la signature de l’Accord et à sa mise en œuvre rigoureuse pour sortir le pays de cette crise qui n’a que trop duré, avec tant de souffrance et de pertes en vues humaines, avec son lot de populations déplacées et de personnes réfugiées vivant dans des conditions inhumaines.

Nous devons nous atteler à une lutte acharnée contre nos vrais ennemis que sont le terrorisme, la criminalité transfrontalière et transnationale organisée, la misère et la pauvreté.

Mesdames et Messieurs,

Le temps n’est pas avec nous. L’absence d’accord comporte des risques énormes que les ennemis de la paix sont déjà en train d’exploiter. Au cours de ce seul mois de mars 2015, la ville de Bamako a été frappée par le attentat terroriste le 7 mars ayant causé la mort de cinq personnes. Les villes de Gao et de Kidal ont été visées le lendemain par des tirs de roquettes.

Le statu quo actuel nous expose à la recrudescence de la violence dont personne ne peut prédire l’issue. Les groupes terroristes et de narcotrafiquants sont déterminés à faire dérailler le processus de paix.

Nous ne pouvons leur laisser le champ libre. C’est pourquoi, nos frères des mouvements de la Coordination doivent faire un choix clair et déterminé pour donner une chance à la paix.

Nous savons que parmi nos frères, beaucoup aspirent à la paix mais leur voix demeure inaudible, à côté de celle des radicaux, de quelques individus qui, pour des raisons inavoués, instrumentalisent les populations pour faire croire à la communauté internationale que leur « base » a rejeté l’Accord. Non, nous ne sommes pas dupes ; le Conseil de paix et de sécurité ne sera pas dupe. Le jeu de « base masqué » doit cesser.

Chacun doit désormais être mis devant ses responsabilités et en assumer les conséquences. Des individus ne peuvent pas prendre le processus de paix, la communauté internationale et les maliens en otage.

Je suis venu ici pour demander le soutien de l’Organisation continentale et de ses Etats membres au Processus de paix au Mali, car ce qui se joue dans notre pays est une lutte légitime du peuple malien dans son ensemble, conformément aux principes de l’Union africaine, pour son unité, l’intégrité territoriale, la souveraineté, la forme laïque, républicaine et unitaire de l’Etat du Mali.

Je demande également au Conseil :

– de faire siennes les conclusions et recommandations du Rapport de la Commission de l’Union africaine sur le Mali ;
– de rappeler aux Parties les engagements pris et les règles à respecter, reconnaitre les avancées et les acquis, s’engager de bonne foi ;
– d’apporter son plein appui à l’Accord paraphé ;
– d’exercer les pressions nécessaires et demander aux mouvements qui ne l’ont pas encore fait, à parapher l’Accord sans délai en vue de sa signature à Bamako courant Avril 2015 ;
– le cas échéant, de demander au Conseil de sécurité des Nations Unies de se saisir d’urgence de la question afin d’apporter son plein appui à la médiation et à l’Accord paraphé, à l’effet de permettre aux parties de procéder à sa signature courant Avril 2015 et, au besoin, envisager des mesures, y compris des sanctions ciblées contre ceux qui font obstacle à la paix, conformément à sa Déclaration du 6 février 2015.

Je sais que le peuple malien peut continuer à compter sur les peuples frères d’Afrique que vous représentez ici, car nous sommes convaincus qu’il n’y a pas d’alternatives à la paix. Un retour en arrière n’est possible ni acceptable. L’Union africaine et son Conseil de paix et de sécurité doivent désormais montrer à la communauté internationale la voie à suivre pour une paix définitive au Mali et dans la région du Sahel.

Je vous remercie de votre aimable attention.

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