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"Notre société ressemble de plus en plus à celle de l'Ancien Régime"

Ancienne plume de Jean-Pierre Raffarin à Matignon, Hakim El Karoui, 39 ans, publie "Réinventer l'0ccident. Essai sur une crise économique et culturelle".

Le Monde

Publié le 09 octobre 2010 à 16h03, modifié le 09 octobre 2010 à 16h03

Temps de Lecture 2 min.

Banquier d'affaires chez Rothschild, ancienne plume de Jean-Pierre Raffarin à Matignon, Hakim El Karoui, 39 ans, fait partie des nouvelles élites françaises. Il publie Réinventer l'0ccident. Essai sur une crise économique et culturelle (Flammarion, 17 euros, 241 pages, à paraître le 13 octobre), dans lequel il analyse ce qu'il appelle "la désoccidentalisation" du monde. Dans l'entretien qu'il a accordé au Monde, il analyse les peurs de la société française, sans verser dans le pessimisme. Extraits

Par quoi les classes moyennes se sentent-elles fragilisées ?

Par l'organisation actuelle de la mondialisation qui ne leur laisse pas de place. Depuis 20 ans, nous assistons à une polarisation sociale extrêmement forte : de plus en plus de riches, de plus en plus de pauvres et de plus en plus de gens qui ont le sentiment d'être en voie de déclassement social. Dans la mondialisation il y a des gagnants – ceux dont la compétence est de niveau mondial – et des perdants – ceux qui n'ont plus leur place dans les nouveaux processus de production. On essaye de les gérer mais c'est difficile….

La crise économique aggrave-t-elle ces phénomènes ?

Oui, parce qu'il ne s'agit pas seulement d'une crise financière, comme on voudrait le laisser penser. L'origine de la crise se trouve dans l'endettement excessif des ménages américains et européens. Pendant des années, on a remplacé les salaires par l'endettement – public ou privé, selon les pays.

Ce système a explosé avec la crise et il faut donc s'attendre à ce qu'en Occident les classes moyennes et populaires expérimentent une baisse inédite de leur niveau de vie. Or, tant que les gouvernements européens n'auront pas trouvé les moyens de relancer les salaires, ils seront tentés de trouver dans le populisme, de droite ou de gauche, la justification de leur existence. A droite, on joue sur la xénophobie ; à gauche, sur la haine des patrons présentés comme des voyous.

Vous comparez la France actuelle à la société d'Ancien Régime. Pourquoi ?

Nous ne sommes pas dans une société pyramidale comparable à celles des pays émergents. Mais notre société ressemble effectivement de plus en plus à celle de l'Ancien régime avec une base très large, une petite élite et une masse assez importante de personnes – des avocats, des médecins à honoraires libres, des professionnels des loisirs… – qui travaillent pour la petite élite au sommet.

Le reste de la société est entraînée vers les emplois de service peu qualifiés payés 40 % de moins que les emplois industriels. Qui occupera ces emplois de services ? Les plus fragiles, femmes, jeunes et enfants d'immigrés.

Dans ce contexte difficile, le système français d'intégration des immigrés fonctionne-t-il ?

Oui, je le crois, malgré les apparences. Nous n'intégrons pas les immigrés, nous les assimilons. Du coup, plus le système fonctionne, plus les différences s'estompent parce que les immigrés sont devenus des Français comme les autres. Ce modèle crée de l'anxiété parce qu'on voit toujours ce qui va mal et jamais ce qui fonctionne. Or, lorsqu'on observe globalement les populations issues de l'immigration, on se rend compte qu'en termes de réussite scolaire, de mariages mixtes, de comportements démographiques, de progression sociale, les évolutions sont positives.

Propos recueillis par Luc Bronner et Cécile Prieur


Lire l'intégralité de l'interview en édition Abonnés et dans Le Monde daté du dimanche 10 et lundi 11 octobre, disponible en kiosques à partir de 14 heures.

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