LES PLUS LUS
Publicité
Publicité

Christian Louboutin, l’artiste - Le génie aux semelles rouges

Christian Louboutin : retour sur 20 ans d'exception
© SEBA / VISUAL Press Agency
L.P.

Ce samedi 27 septembre, "Arte" diffusait "Des pieds à la tête", un documentaire réalisé par Farida Khelfa, grande amie de Christian Louboutin, dont elle a tiré un portrait intime et sans fioritures.

Percer le secret. Approcher de près le génie aux semelles rouges. Comprendre son rapport aux souliers. Christian Louboutin se livre en toute simplicité dans "Des pieds à la tête", le documentaire réalisé par l’une de ses grandes amies, l’ancien mannequin Farida Khelfa et diffusé sur "Arte" ce samedi 27 septembre.

Publicité
Christian Louboutin et Farida Khelfa lors de l'avant-première du documentaire "Des pieds à la tête", à Paris, le 9 septembre 2014
Christian Louboutin et Farida Khelfa lors de l'avant-première du documentaire "Des pieds à la tête", à Paris, le 9 septembre 2014 © Jean-Marc HAEDRICH / VISUAL Press Agency

«J’ai 3 sœurs, j’ai plein d’amies. Quand les filles mettent tes souliers, il se passe quelque chose, il y a une excitation qui n’existe pas ailleurs». Cette phrase, le chanteur Mika l’a dite mot pour mot à Christian Louboutin pour le convaincre de lui dessiner une paire de chaussures pour homme dans le cadre de sa tournée. Alors que le créateur de souliers vient de fêter les 20 ans de sa marque à succès, en 2012, il décide donc de lancer une ligne masculine, avec une boutique dédiée. Mika quant à lui, résume parfaitement bien le pouvoir d’attraction d’une paire de Louboutin.

La suite après cette publicité
Le chanteur Mika a demandé à Christian Louboutin de dessiner ses souliers pour sa tournée 2012
Le chanteur Mika a demandé à Christian Louboutin de dessiner ses souliers pour sa tournée 2012 © Photoshot / UPPA / VISUAL Press Agency

 

La suite après cette publicité
L’idée du rouge

D’ailleurs, elles sont nombreuses ces muses, ces actrices, ces chanteuses à avoir succombé au charme fou de ces escarpins identifiables entre mille. En Europe, elles en sont toutes folles. De Arielle Dombasle à la star du réalisateur espagnol Pedro Almodovar, Rossy de Palma. Valérie Lemercier avoue être complètement amoureuse d’une paire de compensées avec un talon en corde, qu’elle craint de ne plus pouvoir porter un jour, quand elles seront trop usées. L’actrice Kristin Scott Thomas les compare à un véritable trésor : «Christian m’avait fait envoyer une paire quand je faisais la promotion du "Patient anglais". Je les ai tellement aimées, je les ai encore, je les porte encore. C’était il y a 15 ans. C’est comme des bijoux. On m’a volé tous mes bijoux, maintenant je les porte au pied».

Les souliers de Christian Louboutin sont d’un tel magnétisme qu’il en a même fait une exposition, consacrée au fétichisme. L’escarpin, parfois importable, objet du désir le plus profond.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Arielle Dombasle lors de l'exposition
Arielle Dombasle lors de l'exposition "Fetish" à Paris en 2007 © Nicolas Khayat/ABACAPRESS.COM

A l’étranger, Christian Louboutin fait aussi des ravages. La jeune Blake Lively, star de la série "Gossip Girl" , la chanteuse R&B Alicia Keys, la reine de l’effeuillage, Dita Von Teese sont toutes les ambassadrices sexy de la griffe française. Cette dernière a d'ailleurs imaginé une performance spéciale, en hologramme pour les 20 ans de Louboutin en 2012. 

L'hologramme de Dita Von Teese pour l'exposition célébrant les 20 ans de la griffe Christian Louboutin
L'hologramme de Dita Von Teese pour l'exposition célébrant les 20 ans de la griffe Christian Louboutin © Lewis Whyld/PA Photos/ABACAPRESS.COM

La semelle rouge envoûte, elle qui doit son existence à une manucure ! Christian Louboutin explique ainsi : «Elle vient en fait d’un dessin (…) Quand ma 1ere paire de souliers est arrivée, elle ressemblait exactement au modèle. Mais à première vue, cette paire de souliers était beaucoup moins bien que mon dessin d’origine. En retournant le soulier sous tous ses angles, il y avait une grosse masse noire au niveau de la semelle, une masse qui n’existait pas sur mon dessin original. Une des filles qui travaillait avec moi se faisait les ongles, je lui ai pris son vernis. Elle a crié. Je lui ai dit : ‘Ne t’inquiète pas, je vais te le rendre’. J’ai peint la semelle avec le vernis et ça ressemblait parfaitement à mon dessin. C’était en 1992 ». Un mythe était né.

Louboutin, paysagiste

Christian Louboutin a redonné aux femmes l’envie de s’emparer et d’exploiter leur puissance sensuelle. «Je me suis rendu compte qu’à cette époque, beaucoup de femmes n’aimaient pas les couleurs. Mais quand une femme dit qu’elle n’aime pas les couleurs, le rouge n’en fait pas partie. C’est pourquoi j’ai gardé les semelles rouges. Parce que le rouge n’est pas une couleur, c’est beaucoup plus, c’est l’essence de la féminité», confie Christian Louboutin.

Et pourtant, les Louboutin auraient très bien pu ne jamais voir le jour. Après un stage en 1988 chez l’un des maîtres bottiers français, Roger Vivier, Christian Louboutin ne voit pas pour qui d’autre il pourrait travailler. Il décide de devenir paysagiste. Motivé par ses plus proches amis, Bruno Chambelland et Henri Seydoux, qui sont aujourd’hui ses associés, il finit par ouvrir sa première boutique. Un de ses premiers modèles, "Love" lui garantit aussitôt un succès international.

Le modèle
Le modèle "Love" créé en 1992 © Instagram Christian Louboutin

Avec le recul, le créateur précise : «Ma mère est morte en 90 et moi j’ai commencé en 91. Ça a un rapport très évident : quand ma mère est morte, je suis devenu adulte (…) C’était quelqu’un de très enthousiaste, qui adorait mes dessins (…) Je pense que c’était une manière de lui rendre quelque chose puisqu’elle m’avait beaucoup aidé». Aujourd’hui, Christian Louboutin précise avoir fabriqué et vendu en 2013 «un peu moins de 800 000 modèles dans le monde, au travers de 81 boutiques».

L’héritage paternel

A l’atelier parisien, Christian Louboutin ne réserve plus que les commandes spéciales : «les sur-mesure, les souliers pour certains défilés, pour des mariages». Tout le reste de la production a lieu en Italie. Semelles, coutures des lanières, ajout de strass, emballage : tout est manuel. Le créateur avoue passer lui-même un temps précieux dans ses ateliers afin que ses souliers correspondent trait pour trait à ses croquis. «C’est en Italie que la patte se fait, que le dessin prend vie, raconte-t-il. Ensuite, il faut le mettre en forme puis en 3D mais il y a toujours des problèmes. Si je suis ici, on règle les problèmes, je vois le modèle deux jours après (…) L’Italie, ce n’est pas le domaine de l’à peu près. On refait toutes les lignes : je suis là pour ça».

Christian Louboutin ne cesse de le répéter : il est fasciné par l’artisanat. Un amour du travail fait main transmis par son père, ébéniste à la SNCF. «Pendant très longtemps, j’ai cru que mon père n’avait pas trop eu d’influence. Je m’en suis rendu compte après, mais il a eu une influence évidente, à travers son travail (…) Je ne l’ai jamais vu travailler. Mais il m’a dit des choses. Peu de choses mais finalement des choses très importantes sur son travail, que moi j’ai traduites d’une manière différente», raconte-t-il. Une manière qui sublime la silhouette féminine. D’ailleurs, Christian Louboutin le dit lui-même : «S’il ne devait rester qu’un seul soulier pour une femme, pour moi ce serait un escarpin».

Contenus sponsorisés

Publicité