Google, Facebook, Twitter : la face cachée des "oligarques" du Net

Google, Facebook, Twitter : la face cachée des "oligarques" du Net
Mark Zuckerberg, le 20 juin 2013. (JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Ils dirigent les géant du web et sont vénérés aux Etats-Unis. Même s'ils s'enrichissent parfois au mépris des intérêts américains.

Par Natacha Tatu
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Ils sont jeunes, cools et... ultra-riches. Ils dirigent Facebook, Google ou Twitter et vivent dans leur bulle de la Silicon Valley, à quelques kilomètres de San Francisco. Un petit monde de privilégiés qui ne connaissent pas la crise, où il est banal d'avoir un coach ou de se déplacer en jet privé.

Contrairement aux banquiers ou aux magnats du pétrole, les Etats-Unis vénèrent ces riches-là. "Mais malheureusement la réciproque n'est pas vraie !" constate l'écrivain Joel Kotkin. Dans un article du "Daily Beast", ce spécialiste de l'analyse des classes sociales américaines a dressé un réquisitoire sévère contre cette caste montante de barons du high-tech.

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Evasion fiscale

Il fustige ces "nouveaux oligarques" qui, selon lui, pratiquent à haute dose l'évasion fiscale, créent peu d'emplois aux Etats-Unis, et pèsent sur les arbitrages politiques du gouvernement en fonction de leurs seuls intérêts. Et, dans cette Amérique qui les porte aux nues, aucun contre-pouvoir ne les régule. "Les républicains ont toujours un problème à critiquer les entreprises quelle qu'elles soient ; et les démocrates, qu'ils ont massivement soutenus et financés, sont pieds et poings liés. Du coup, ils sont intouchables", explique Joel Kotkin.

Et n'allez pas lui répliquer que la Silicon Valley crée deux fois plus d'emplois que le reste du pays. "Malgré la croissance folle de cette région, il y a moins d'emplois qu'en 2001 !" affirme-t-il. Pour lui, ces géants des nouvelles technologies, enrichis par une capitalisation boursière artificielle, ne sont qu'une autre face de Wall Street : "Ils défendent exactement les mêmes intérêts, avec la complicité de la presse financière qui vit dans cette même bulle."

Google est par exemple cinq fois plus gros en Bourse que General Motors, avec quatre fois moins de salariés. Twitter a moins de 1.000 employés ; Facebook, 4.500. "Et une bonne partie de ces bataillons sont des fiscalistes et des avocats dont le principal job est de trouver toutes les astuces pour échapper à l'impôt..." Prenez Apple : plus de 700.000 personnes travaillent directement ou indirectement dans le monde pour la firme de Cupertino, ou pour ses sous-traitants. Mais la plupart sont installées en Chine, dans les usines du géant Foxconn, avec des conditions de travail bien éloignées du si cool marketing d'Apple.

Facebook n'a pas payé d'impôts en 2012

Une réalité peu reluisante qui n'a pas empêché des milliers de fans d'aller couvrir de Post-it de condoléances les vitrines des Apple Store lors de la disparition de Steve Jobs. Et durant du mouvement Occupy Wall Street fustigeant le fameux 1% d'ultra-riches qui accapare plus de la moitié des richesses du pays, personne n'a critiqué ce patron qui pesait 7 milliards de dollars, et qui, contrairement, à Bill Gates, ne s'est pas spécialement distingué par sa philanthropie.

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Réputée championne toutes catégories de "l'optimisation fiscale", sa compagnie possède plus de cash que le Trésor américain, mais ne lui reverse proportionnellement qu'une somme dérisoire. Apple n'est pas la plus privilégiée : Facebook, malgré plus de 1 milliard de profits, n'a pas payé du tout d'impôt l'année dernière.

> A LIRE. L'intégralité du dossier "Comment vivent les super riches" dans "le Nouvel Observateur" du 1er août

Natacha Tatu
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