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Pourquoi certaines annonces politiques se font d'abord sur Twitter

Le tweet de Barack Obama pour annoncer sa réélection le 7 novembre à la tête des États-Unis. GABRIEL BOUYS/AFP

Un remaniement dévoilé d'abord sur Twitter, une ministre française convoquée via le réseau social, les déclarations de Nicolas Sarkozy dans une réunion à huis clos tweetées en primeur sur son compte... Plusieurs politiques privilégient désormais le réseau social, au détriment des voies médiatiques traditionnelles.

Qu'ont en commun le président américain Barack Obama, l'ancien chef d'État français Nicolas Sarkozy, le premier ministre français Jean-Marc Ayrault, et son homologue canadien Stephen Harper? Avoir privilégié le réseau social Twitter comme mode de communication lors d'un événement. Exit le classique communiqué de presse, la conférence organisée devant des journalistes ou encore l'interview planifiée dans un ou plusieurs médias. Place aux messages de 140 signes publiés en direct à l'adresse de sa twittosphère. Dernier épisode en date: le remaniement ministériel canadien annoncé lundi par le chef du gouvernement. Une première sur le site de micro-blogging. Début juillet, c'est par le compte de Matignon que le premier ministre français a annoncé la convocation de la ministre de l'Écologie, Delphine Batho, prélude à son limogeage. Du jamais-vu en France.

Le 8 juillet, lors du retour de Nicolas Sarkozy à l'UMP, son Twitter, muet depuis sa défaite au second tour de la présidentielle, a été réactivé pour retransmettre certaines parties de son intervention censée être à huis clos. On se souvient aussi du tweet de Barack Obama, le 7 novembre 2012, annonçant sa réélection. Le message, assorti d'une photo du couple présidentiel, avait rapidement fait le tour du monde.

Des tweets qui touchent plus de 34 millions de «followers» aujourd'hui pour Barack Obama, 387.324 pour Nicolas Sarkozy, 35.519 pour le compte de Matignon et 355.152 pour Stephen Harper.

Pour Bastien Millot, professeur de communication politique à Sciences Po, l'usage de Twitter est en train de «se rationnaliser» et de «se professionnaliser». «Au début, on observait une utilisation à géométrie variable, avec des politiques qui tweetaient par exemple des informations sur leur vie privée, comme Cécile Duflot et son chili con carne», se rappelle-t-il.

«Dorénavant, ils tweetent pour faire passer un message ou transmettre des informations en temps réel à un public qui s'intéresse à l'actualité. Ils ont pris possession de l'outil et l'utilisent comme une caisse de résonnance», analyse-t-il.

«Une ambivalence recherchée vis-à-vis des journalistes»

Dans chaque cas, l'objectif est le même: contourner les médias traditionnels pour s'adresser directement à sa communauté et donc au peuple. «Il y a sur Twitter une ambivalence recherchée vis-à-vis des journalistes. Officiellement, on ne s'adresse pas à eux, tout en sachant qu'ils reprendront les tweets», souligne Christian Delporte, spécialiste de la communication politique. Autre avantage, selon l'historien: le politique ne peut pas écrire un long message (un tweet est limité à 140 signes, NDLR) et n'est donc pas tenu de s'expliquer. «C'est aussi moins banal et moins solennel qu'un communiqué de presse», ajoute-t-il. Avant de prendre en exemple le cas de Nicolas Sarkozy qui, lors de son retour devant l'UMP, voulait signifier «Je reviens, mais je ne reviens pas», du moins pas maintenant. «Avec un communiqué de presse, il aurait formalisé son retour sur la scène politique. Ce n'est pas le cas avec Twitter», décrypte Christian Delporte.

Toutefois, pour un politique, Twitter ne suffit pas. Ce mode de communication doit s'inscrire dans une stratégie plus globale. «Ce réseau social est parfait pour l'instantanéité, mais ne permet de faire de la pédagogie», explique Bastien Millot. Lors de sa réélection en novembre, Barack Obama avait doublé son tweet d'un discours devant les militants. «La politique est basée sur l'art oratoire, la cantonner à Twitter serait donc réducteur», conclut le spécialiste. Avis aux amateurs.

Pourquoi certaines annonces politiques se font d'abord sur Twitter

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8 commentaires
  • A guillotin

    le

    Pléthore d'informations n'est que désinformation.

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