"L’efficacité d’un réseau social d’entreprise dépend de la qualité de l’accompagnement", estime le consultant Anthony Poncier

Les réseaux sociaux d’entreprises se développent. Pourtant, l’efficacité promise n’est pas toujours au rendez-vous. Car pour être l’efficace, l’outil doit être véritablement adopté par chacun. C’est la conviction d’Anthony Poncier, responsable du "social business" chez Publicis Consultants. Il a aussi publié aux éditions Diateino Les réseaux sociaux d’entreprises.

Partager

L'Usine Nouvelle - de plus en plus d'entreprises adoptent un réseau social spécifique. Faut-il y voir une mode ou bien cela correspond-il à un vrai besoin ?

Anthony Poncier - Cela existe depuis relativement longtemps maintenant, si bien que l'on commence à avoir du recul sur les effets des réseaux sociaux d'entreprise. On a des retours d'expérience, qui tendent à montrer que les entreprises qui les ont adoptés sont plus efficaces, qu'elles obtiennent de meilleurs résultats. Quand c'est une étude du Massachusets Institute of Technology (M.I.T.) qui l'établit, cela suscite la curiosité, l'intérêt. D'où l'accélération récente que vous évoquez. Elle est bien réelle.

Est-ce la seule raison ?

Non, nous vivons dans un monde de rupture où les anciens schémas perdent de leur pertinence. Avec les technologies de l'information, les notions de temps et d'espace de travail sont bouleversées. Les relations de pouvoir le sont aussi. Le modèle hiérarchique traditionnel est de plus en plus remis en cause. Les organisations par silos révèlent une part d'inefficacité. D'où la mise en place de réseaux sociaux d'entreprise qui participent d'une adaptation de l'entreprise à ces évolutions. Le pari est que ce sera gagnant-gagnant. Gagnant pour le salarié qui va gagner en autonomie, qui va pouvoir travailler de façon plus libre. Gagnant pour l'entreprise qui va être plus performante.

De quelle façon cela peut-il être un levier de performance ?

Cela permet de s’attaquer au phénomène de désengagement des salariés. De nombreuses études ont montré qu'ils étaient de moins en moins engagés dans leur entreprise. Le réseau est une des clés d'entrée pour contrer cette tendance. Ils vont recréer du lien social et ce faisant, participer à l'amélioration du climat social et le niveau de performance.

Le réseau social d'entreprise (R.S.E.) est-il un outil magique qu'il suffirait de mettre en place pour voir les performances s'améliorer ? Ou bien y-a-t-il des précautions à prendre, des règles à respecter ?

Il ne suffit pas d'installer l'outil pour que tout change dans l'entreprise. Cette vision qu'ont certaines entreprises est un mirage qui est condamné à l'échec. Tout ce que j'évoque depuis le début a à voir avec un changement de culture d'entreprise, des modes de management, des process. Cela mobilise un vrai accompagnement du changement.

Les échecs existent et leur nombre est loin d'être ridicule. Le cabinet Gartner a publié une étude qui fait apparaître que 80 % des projets collaboratifs prennent l'eau en cours de route et n'ont pas les effets prévus. Ce qui fait la différence entre celui qui réussit et celui qui échoue, c'est notamment la mobilisation du management et, j'insiste, l'accompagnement.

Justement, en termes managériaux, qui doit porter le projet ?

Avant de répondre, les échecs sont souvent dus à un manque de leadership sur ces projets. Je vous répondrai donc pour commencer qu'il faut d'abord que quelqu'un, qu'un service  porte le projet. Longtemps cela a été les directions des services informatiques. De plus en plus souvent, ce sont les direction de la communication.

Il semble évident qu'il est nécessaire que les ressources humaines aient leur place dans le projet. Et comme souvent le business est touché, il faut associer les opérationnels qui s’en occupent. En résumé, il faut une mobilisation de tous et, surtout, une impulsion de la direction générale.

Vous citiez une étude du Gartner indiquant que huit projets sur dix n'aboutissent pas. Les deux restants, ceux qui réussissent ont-ils un point commun ? Autrement dit, y'a-t-il un facteur de succès ?

Il faut montrer aux gens à quoi ça peut leur servir au quotidien, en quoi cela va leur faciliter le travail, de quelle façon ils vont pouvoir travailler de manière différente et plus efficacement. Si le réseau n'a pas d'impact sur leur quotidien, ils n'iront pas. Le réseau doit avoir un vrai impact sur la vie professionnelle des gens.

En résumé, il faut donner l'envie de le faire aux salariés. Enfin, il faut un accompagnement de long terme. Il ne suffit pas de trois sessions de formation pour montrer à l'installation les principales fonctionnalités. C'est de changement culturel dont on parle.

Les réseaux d'entreprises n'arrivent-ils pas trop tard, puisqu'aujourd'hui, tout le monde est sur Facebook ou Linkedin. Qu'apportent-ils en plus ?

C'est une différence de nature. Vous avez un mail privé, et cela ne vous empêche pas d'avoir un mail professionnel. Le réseau social d'entreprise est avant tout un outil de travail, pas de sociabilité.

A partir de quelle taille les entreprises sont-elles concernées ?

L'effectif n'est pas la seule variable. Une entreprise de vingt personnes réunies sur un seul site n'en a pas besoin a priori. En revanche, si vous avez ces vingt même personnes éloignées physiquement les unes des autres, le réseau social peut être utile. Encore une fois, il faut savoir au préalable quels objectifs on veut atteindre en le mettant en place.

Propos recueillis par Christophe Bys

Sujets associés

NEWSLETTER Economie Social et management

Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.

Votre demande d’inscription a bien été prise en compte.

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes...

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes du : Groupe Moniteur Nanterre B 403 080 823, IPD Nanterre 490 727 633, Groupe Industrie Service Info (GISI) Nanterre 442 233 417. Cette société ou toutes sociétés du Groupe Infopro Digital pourront l'utiliser afin de vous proposer pour leur compte ou celui de leurs clients, des produits et/ou services utiles à vos activités professionnelles. Pour exercer vos droits, vous y opposer ou pour en savoir plus : Charte des données personnelles.

LES ÉVÉNEMENTS L'USINE NOUVELLE

Tous les événements

LES PODCASTS

Ingénieur, un métier au coeur de la souveraineté

Ingénieur, un métier au coeur de la souveraineté

Dans ce nouveau podcast de La Fabrique, nous recevons Anne-Sophie Bellaiche, rédactrice en chef de L'Usine Nouvelle et du Guide de l'ingénieur. Comme son nom l'indique, cette publication annuelle s'intéresse aux différentes...

Écouter cet épisode

L'inventrice du premier lave-vaisselle

L'inventrice du premier lave-vaisselle

L’épouse d’un bourgeois de l’Illinois décide de prendre les choses en main et d’inventer elle-même l’outil dont les femmes ont besoin.

Écouter cet épisode

Qui recrute dans l'industrie en 2024 ?

Qui recrute dans l'industrie en 2024 ?

[Podcast] Dans ce nouvel épisode de La Fabrique, Cécile Maillard, rédactrice en chef adjointe de L'Usine Nouvelle, revient sur l'enquête annuelle consacrée au recrutement dans l'industrie. La cuvée 2024 s'annonce...

Écouter cet épisode

L'étrange disparition d'un Airbus en Chine

L'étrange disparition d'un Airbus en Chine

[Podcast] Dans ce nouvel épisode de La Fabrique, Olivier James, grand reporter suivant le secteur aéronautique à L'Usine Nouvelle, revient sur une bien étrange affaire. Un avion fabriqué par Airbus et livré à la Chine a...

Écouter cet épisode

Tous les podcasts

LES SERVICES DE L'USINE NOUVELLE

Trouvez les entreprises industrielles qui recrutent des talents

Umanove

RESPONSABLE PRODUCTION H/F

Umanove - 29/03/2024 - CDI - RODEZ

+ 550 offres d’emploi

Tout voir
Proposé par

Accédez à tous les appels d’offres et détectez vos opportunités d’affaires

22 - Dinan

Travaux de réhabilitation du CIS

DATE DE REPONSE 22/05/2024

+ de 10.000 avis par jour

Tout voir
Proposé par

ARTICLES LES PLUS LUS