Comme souvent, la vague arrive des Etats-Unis. C'est une nouvelle mode qui porte un nom un peu barbare : Google Hangouts. Les politiques y succombent les uns après les autres. Ce nouvel outil, mis au point par la firme de Mountain View, permet de monter en un tournemain des discussions vidéo sur Internet, à la manière d'un tchat. Le premier à l'avoir saisi au bond, en 2012, est le plus puissant d'entre tous : Barack Obama. Toujours à l'affût des innovations en matière de communication, le président des Etats-Unis a vite compris l'intérêt, pour son image, de converser en direct, sans le filtre des médias, avec quelques-uns de ses concitoyens.
L'exemple, depuis, a fait florès. Angela Merkel à Berlin ou José Manuel Barroso à Bruxelles ont succombé au charme de cet exercice démocratique. En France, la tendance débarque. Najat Vallaud-Belkacem, la porte-parole du gouvernement, s'y est mise début juin, en baptisant pompeusement cette opération "porte-parolat numérique". Début juillet, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, a pris le relais, pour évoquer ainsi son cher "Made in France". Il y voit, non sans emphase, une manière de "colbertisme participatif".
"AFFICHER SA PROXIMITÉ"
S'agit-il d'un énième gadget de la com' politique ou d'une vraie petite révolution ? Probablement un peu des deux. "Dans une période de défiance sans précédent vis-à-vis du politique, cette relation directe permet d'afficher sa proximité, de renouer un lien avec les citoyens", explique Bastien Millot, qui dirige la société de communication Bygmalion. Rien de bien neuf sous le soleil. La télévision a déjà testé ce genre de formule, en confrontant le président de la République, par exemple, a des "panels" de Français. Le hangout, c'est un peu l'émission "Paroles de Français" de TF1, en moins lourd, moins compassé, moins toc, moins cher... "C'est surtout un outil assez génial qui permet de faire à un coût quasi nul ce qui avant était très lourd à réaliser. En cela, c'est une vraie révolution", complète Benoît Thieulin, fondateur de l'agence digitale Netscouade.
En réalité, les professionnels annoncent surtout du changement en province, à l'heure des municipales de 2014, plutôt qu'à l'Elysée ou sous les ors des ministères. Ce nouvel outil semble particulièrement adapté à ces campagnes de proximité. "Cela peut devenir la version numérique des fameuses réunions d'appartement, le b.a.-ba de ces élections, où l'on réunit discrètement des gens qui doivent ensuite servir de relais d'opinion. Un candidat peut monter des réunions thématiques, sur le Web, de manière moins contraignante qu'auparavant, en atteignant des gens qui ne se déplaceraient pas", s'enthousiasme Bastien Millot. "Cela permet aussi d'envisager de faire autant de débats entre candidats qu'il y a de communes. Pour les grandes villes, les télés s'en chargent. Pour les autres, un nouvel espace s'ouvre", constate Benoît Thieulin. "Les municipales de 2001 ont vu le balbutiement des sites Web personnels. Celles de 2008, la ruée sur les réseaux sociaux. Là, ce devrait être l'avènement des débats numériques", pronostique Bastien Millot. A suivre.
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