Weixin, "le Facebook killer" venu de Chine

Après l'Asie, cette messagerie instantanée très populaire en Chine vise les États-Unis, puis l'Europe. Enquête sur une success story chinoise qui vient juste de commencer.

Par à Pékin

Une appli chinoise de messagerie instantanée pourrait détrôner ses concurrents étrangers.
Une appli chinoise de messagerie instantanée pourrait détrôner ses concurrents étrangers. © AFP/imagineChina

Temps de lecture : 4 min

WhatsApp peut trembler. Pour la première fois, ce n'est pas une nouvelle start-up californienne, mais une innovation "made in China" qui devrait détrôner, dans les prochains mois, le leader américain de la messagerie instantanée. Son nom ? Weixin - littéralement "mini-message" en mandarin.

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Lancée en 2011 par Tencent, le géant de l'Internet chinois, cette application mobile pour smartphone fait fureur aux quatre coins du pays. Plus de 300 millions de personnes l'ont téléchargée, dont près de 200 millions sont utilisateurs actifs, un chiffre qui a bondi de 228 % en un an et qui le rapproche à vitesse grand V de ses concurrents directs en Occident, WhatsApp ou Twitter. Selon les spécialistes, la déferlante n'est d'ailleurs pas près de s'arrêter : Weixin pourrait atteindre 400 à 500 millions d'utilisateurs d'ici la fin de l'année - un record qui ferait d'elle la messagerie rapide la plus utilisée au monde.

Il faut dire que cette plateforme a de quoi séduire. Gratuite, disponible sur la quasi-totalité des téléphones portables, elle propose une myriade de fonctions. La plus populaire permet d'envoyer à ses correspondants de courts messages audio, à la manière d'un talkie-walkie en différé. C'est cette dernière trouvaille qui a fait un tabac auprès de la jeunesse chinoise, dans un pays où les SMS sont encore payants. "Weixin a séduit immédiatement grâce à ses mini-messages vocaux. En Chine, taper des SMS peut être laborieux, car il faut saisir les caractères chinois un à un. Avec ce service talkie-walkie, c'était le buzz assuré", note Duncan Clark, président de BDA, un cabinet de consultants basé à Pékin, spécialisé dans les nouvelles technologies.

"Il n'y a pas que des copies en Chine..."

Certes, des applications similaires existaient déjà en Chine. Mais "Weixin a été le premier à avoir une approche intelligente sur l'ergonomie et la viralité pour se développer rapidement", estime pour sa part Arthur Hamon Gaujal, directeur Asie Pacifique chez ip-label, une société française présente à Shanghai depuis 2007 qui analyse la performance des applications mobiles et des sites web. Après s'être identifié via son numéro de téléphone portable, l'utilisateur peut en effet voir en un coup d'oeil tous ses "amis" déjà présents sur le réseau, puis ajouter de nouveaux contacts au fil de ses rencontres dans la vraie vie. "Contrairement à ce qu'on pense en Europe, il n'y a pas que des copies en Chine, il y aussi beaucoup d'innovation. Weixin en est un exemple", poursuit ce spécialiste.

À l'origine de ce succès, Tencent. Fondé en 1998 à Shenzhen et coté depuis 2004 à Hong Kong, ce groupe de 22 000 employés est la quatrième valeur high-tech au monde, derrière Google, Amazon et eBay. Ce champion national n'est pas nouveau sur le secteur de la messagerie instantanée. En 1999, il avait déjà fondé QQ, un "MSN chinois" disponible exclusivement sur ordinateur. Le succès fut immédiat - il y a en Chine près de 800 millions de comptes QQ actifs -, mais le service, depuis, a mal vieilli et n'a jamais réussi à trouver une seconde jeunesse en se développant à l'international.

1,5 milliard de smartphones

Entre-temps, l'arrivée spectaculaire des "téléphones intelligents" sur le marché chinois a complètement changé la donne. Selon les estimations de CLSA Asia-Pacific, une société de courtage asiatique, il y aura en effet 1,5 milliard de smartphones en circulation en Chine d'ici 2015, soit plus d'un par personne. Contrairement au réseau de microblogging chinois Sina Weibo et au moteur de recherche Baidu, bientôt arrivés à maturité, le nouveau joujou de la jeunesse chinoise a donc encore de belles marges de progression devant lui sur son propre marché intérieur.

Mais c'est à l'international que Tencent veut désormais développer son nouveau produit phare. Rebaptisée WeChat en avril 2012, l'application est aujourd'hui disponible en huit langues et compte 50 millions d'utilisateurs à l'étranger. Pour l'instant, elle se développe très rapidement en Asie du Sud-Est, une région culturellement proche de la Chine qui abrite une population jeune et connectée. "Nos gros marchés sont Hong Kong, Taïwan, Singapour, la Malaisie, la Thaïlande et le Vietnam. Mais nous nous développons également très vite aux États-Unis et dans les pays du monde arabe", a ainsi affirmé Justin Sun, directeur du développement international de Weixin dans une interview en octobre 2012 à TechInAsia, un site de référence sur l'actualité des start-up en Asie.

Censure et protection des données

Car Tencent voit grand. Dans son viseur, la diaspora chinoise et les marques occidentales, déjà formées au marketing digital. Objectif ? Les séduire pour que celles-ci, à leur tour, ouvrent des comptes institutionnels sur la plate-forme et la financent ainsi via la publicité. "Weixin va essayer de pénétrer en Europe, même si cela sera difficile à cause de la barrière de la langue, qui diffère d'un pays à un autre", relève cependant Elinor Leung, spécialiste de l'industrie chinoise des télécommunications chez CLSA. Quant à la France, la gratuité des SMS proposée par de nombreux opérateurs télécom devrait, du moins pour le moment, retarder sa percée.

Très contrôlé par les autorités chinoises, Weixin devra également, pour réussir à l'étranger, montrer patte blanche concernant la censure et la protection des données privées. "Le contrôle des contenus pourrait être problématique, surtout si les serveurs restent en Chine alors que les utilisateurs, eux, migrent à l'international", analyse Duncan Clark, de BDA. En janvier, la jeune pousse chinoise a ainsi reconnu un simple "incident technique" après que des fans en Thaïlande et à Singapour s'étaient vu interdire tout commentaire à propos du Nanfang Zhoumo, un quotidien libéral chinois qui avait à l'époque provoqué l'ire de Pékin...

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Commentaires (4)

  • tibo27

    Weixin c'est le concurrent de Whatsapp, pas du tout de Facebook. Certes il y a un "wall" pour uly mettre ses photos mais c'est tres simpliste.

    l'appli marche par contre super bien et pas besoin de connaitre le numero de tel de son contact. Certaines personnes pouvant ne pas vouloir donner leur numero, sont donc joignable que par message.

    Et OUI, ecire en chinois est penible, il faut ecrire d'abord en phonetique avec un clavier qwerty pyis choisir le mot chinois. Le systeme de message audio est enooorment utilise par les chinois, moins par les etrangers.

    En tout cas en chine, Weixin est incontournable. Mais de la a le devenir a l'etranger... Je doute. Car a l'etranger vous avez facebook et son fil d'actualite. Donc weixin, aucun interet.

  • Jean de la fontaine

    Il faut aussi se faire tracer par Face-bong de chine ? Pour le sinologue qu'il est, un resident en Chine que je suis. Oui, le chinois est laborieux, mais gamins se le mangent tous les jours et ca l'est bien... L'education chinoise releve du gavage.

    puis bon, le sujet n'est pas la, l'article parle de Facebook a la chinoise, rien d'autre.

    juste un truc suplementaire pour etre suivis. Il faut voir la veritee d'apres les faits, pas d'apres les promesses, n'est ce pas ? C'est Mao qui le disait. Et cote promesses creuses, il a du en voir quelques une !

  • de Chine

    Je ne suis pas sinôlogue comme certains mais je vis et travaille en Chine et je peux vous dire que je suis émerveillé par la capacité qu'à ce peuple à copier tout en permanence à commencer par les produits développer par leurs propres compatriotes. QQ c'est du MSN, Weibo du Twiter, YouKu du YouTube etc. Weibo ouais un peu plus innovant c'est vrai !