Social - réseau stan à nancy Facebook : un chauffeur licencié pour injures

Le Réseau Stan a licencié un de ses chauffeurs, vendredi, pour faute grave. Répondant à des clients sur la page Facebook de l’entreprise, il les a traités de « bouffons », a critiqué son employeur ainsi que la Communauté urbaine.
Alain MORVAN. - 29 mai 2013 à 05:00 | mis à jour le 29 mai 2013 à 07:11 - Temps de lecture :
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Le chauffeur licencié s’était exprimé, en dépassant les bornes, sur la page Facebook officielle  du réseau géré par la Communauté urbaine du Grand Nancy (CUGN). Photo Anthony PICORE
Le chauffeur licencié s’était exprimé, en dépassant les bornes, sur la page Facebook officielle du réseau géré par la Communauté urbaine du Grand Nancy (CUGN). Photo Anthony PICORE

B ande de bouffons […] A pied ou à vélo, ça fait du bien des fois de ne pas être assisté », s’est emporté un jeune chauffeur de bus de Nancy, sur la page Facebook du Réseau Stan, le 6 avril dernier.

À deux jours d’une nouvelle grève des bus et des trams dans la cité ducale, le trentenaire n’y tient plus et répond vertement aux usagers qui s’en prennent à son métier et celui de ses collègues conducteurs. En dépassant toutes les bornes.

À l’issue du parcours disciplinaire habituel, il a reçu, vendredi matin, sa lettre de licenciement pour faute grave. « Il paie cash un moment d’égarement », plaidait hier Didier Martins, délégué syndical CGT, qui ne désespérait pas d’adoucir in fine une sanction « très lourde ». « Il est jeune , insiste le syndicaliste, il a pété un plomb face à des gens qui déversent quotidiennement leur haine sur les chauffeurs, les traitant de fainéants. Autant dans le bus, on parvient avec l’expérience à contenir les gens. Mais sur Facebook, c’est impersonnel, il n’y a pas de limite ».

« Propos intolérables » selon la direction

Il avait d’abord répondu à une connaissance. Un habitué de sa ligne. « Ensuite, d’autres se sont greffés sur la discussion et le ton est monté », reconnaît Didier Martins, qui concède que son collègue n’aurait jamais dû s’exprimer ainsi sur la page Facebook officielle du réseau géré par la Communauté urbaine du Grand Nancy (CUGN). « On a mis en garde notre hiérarchie sur les risques liés à cette page, dès le début. Mais rien n’y a fait ». La direction du réseau Stan juge son attitude « insupportable », comme l’a confirmé hier Patrick Huard, son responsable. « C’est la page sur laquelle nous diffusons des infos à destination de nos clients. Il a tenu des propos intolérables, mettant en cause sa propre entreprise et même la CUGN », insiste-t-il.

Le jeune chauffeur aurait effectivement diffusé de fausses informations sur des temps d’attente fantaisistes de 30 à 40 minutes, aux arrêts, à partir du mois de septembre.

En interne, son cas serait au centre de négociations entre syndicats et direction. Pour Patrick Huard, cependant, l’actualité sociale du Réseau Stan – sur laquelle planerait un préavis de grève – est dissociée de ce cas isolé.

Obligation de loyauté

Spécialiste du droit de la presse et nouveaux supports numériques, l’avocat messin Antoine Fittante estime que les déboires de ce chauffeur et leurs conséquences illustrent parfaitement « l’absence de formation au numérique dans la population générale, alors même que l’impact d’une simple conversation sur un réseau social peut être dramatique. Tout salarié a besoin de se défouler. Hier, c’était au café du coin ou à la machine à café ; aujourd’hui, l’exutoire, ce sont Facebook ou Twitter. Il faut donc en connaître les règles ». Selon lui, la liberté d’expression (lire ci-contre) est nécessairement « limitée » par une « obligation de loyauté » vis-à-vis de son employeur.