Son nom évoque un coup marketing. Pourtant, le département Nouvelles écritures de France Télévisions est en passe de réussir la transition entre la télé de (grand-)papa et le "transmédia", mariage entre le petit écran et les médias numériques. En douceur et avec inventivité.
Installée au coeur du dispositif des cinq chaînes du groupe, cette entité est dirigée depuis l'origine par Boris Razon et chapeautée par Bruno Patino, le responsable de la stratégie numérique et le nouveau directeur des programmes. Les deux hommes s'étaient rencontrés dix ans plus tôt au Monde interactif (groupe "Le Monde").
Depuis sa création, en août 2011, l'équipe s'est étoffée - passant de six à douze personnes -, les budgets ont gonflé, de 800 000 euros en 2010 à 4 millions d'euros par an depuis 2011, et les productions, coproductions ou partenariats se sont enchaînés : il y en aura une cinquantaine au cours de l'année 2013 contre vingt au départ. Le département fonctionne à la fois comme incubateur d'idées et comme apporteur de budgets. "Il s'agit pour nous d'inventer notre chemin, de le baliser à force d'expériences", estime Rémy Pflimlin, PDG de France Télévisions. Les cinq chaînes du groupe produisent près de 1 800 documentaires par an. La matière est là, mais il faut la façonner et la proposer sur de nouveaux supports, en inventant de nouvelles manières d'en parler. "L'enjeu est de faire exister les productions pour le Web et de faire entrer les programmes dans une dimension numérique. Non pas comme d'une vitrine, mais comme un élément propre à ces programmes, explique Boris Razon. Nous voulons être audacieux." Exemple de ces allers-retours entre écrans, Campagne à vélo, un road-movie 100 % réseaux sociaux réalisé par deux journalistes de France Télévisions, qui a fait l'objet d'un documentaire diffusé sur France 2 au lendemain du second tour de l'élection présidentielle.
NAVIGATION SÉMANTIQUE
Dernier projet en date de cette cellule expérimentale, la mise en ligne de The End, etc., de Laetitia Masson (lire ci-dessous), un ovni Web de plus de quatre heures trente autour de "l'engagement et du désengagement", piloté par l'internaute à l'aide d'une navigation sémantique et aléatoire. Cet objet protéiforme et inédit est emblématique du travail de l'équipe des Nouvelles écritures. A partir de trois mots sélectionnés par l'utilisateur, une histoire unique se développe avec les images filmées par la réalisatrice. "Nous ne sommes pas en train de construire une collection de webdocs ou de webséries, mais bien de chercher à travailler sur les usages", analyse Boris Razon.
Autre piste, la création du Studio 4.0, "véritable laboratoire de la fiction pour les jeunes auteurs, réalisateurs et producteurs" au sein de France 4. Une manière de trouver de nouvelles pistes de financement et de réalisation. Des programmes courts comme "Les Opérateurs" ou "Les Indégivrables", diffusés sur le Web, vont ainsi connaître une diffusion à l'antenne.
Le 26 février, à 21 heures, les internautes pourront également suivre "Théâtre sans animaux", une représentation de "théâtre enrichi", développée à partir de la pièce de Jean-Michel Ribes. Une expérience récompensée en janvier du premier prix Sm@rt FIPA, à Biarritz.
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