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Quand Facebook lance le search, le singe regarde le graphe

Olivier MICHEL |

Le lancement par Facebook de son outil de recherche et de représentation graphique de la "trouvaille" n’a peut-être pas encore généré le sursaut de compréhension auquel s’attendaient ses créateurs. Pourtant, un tel mouvement technologique de la part d’un service dont les utilisateurs se comptent en milliards a tout de la tendance inévitablement structurante pour l’industrie dans son ensemble.

Le doigt du savant a son importance, autant que la Lune. Loin de dénoncer le graphe, il me semble pertinent d’attirer aujourd’hui l’attention sur le search, car "chaque chose en son temps"… Partie émergée d’un iceberg technologique, le graphe n’est en effet "que" le résultat, certes nécessaire et d’ailleurs, souvent très esthétique, d’une intelligence numérique extrêmement élaborée. En capitalisant sur sa force de frappe, Facebook met en lumière le besoin critique pour tous, à l’heure de la recherche de relais de croissance à travers tous les pans de l’économie et de relais de confiance dans la société, de corréler les éléments pour leur donner un nouveau sens. Un sens qui apportera des idées, des relations, et provoquera l’innovation. Google a popularisé la recherche pour tous, Facebook la concrétise un peu plus. D’autres s’y activent en parallèle.

Appliquée au monde économique et replacée dans le cadre de la digitalisation de la société dans son ensemble, la recherche (search) trouve donc ainsi un nouvel élan. Elle que l’on croyait, au-delà de son usage grand public, cantonnée à des processus relatifs à la dématérialisation en entreprises, souvent incomprises, prend tout son sens et retrouve un lustre nouveau : celui de la trouvaille. Oui, le search n’a de valeur que dans la trouvaille, qui pourrait se définir comme suit : une trouvaille, au XXIe siècle, est la surgie d’une connexion, potentiellement surprenante, entre des individus ou des éléments d’information, quels qu’ils soient et tels qu’ils existent, au service de l’émergence du sens. Facile.

À l’heure du Big data, et en attestent les orientations technologiques des champions, la recherche semble donc prendre la position de priorité numéro Un, devant la navigation classique, en matière de gestion de l’information dans les entreprises et les administrations. Sans ce liant qu’est le search, qui s’imposent aujourd’hui comme une composante essentielle dans la valorisation des ressources informationnelles, les efforts de toute la florissante filière des experts de la gestion électronique de documents, ou encore les technologies "portail" ne survivraient qu’en autarcie, dans la limite des frontières de l’entreprise.

Au-delà des coûts, les stratégies de catégorisation manuelles se heurtent également au problème du sens. Or, la technologie se montre aujourd’hui digne des attentes d’humanisation que nous plaçons en elle ; l’intelligence des systèmes viendra de leur capacité à non seulement rechercher et à identifier les informations pertinentes dans le cadre d’un projet, elle viendra surtout de la capacité de ces technologies à extrapoler les associations et à suggérer des interprétations pertinentes pour ce projet.

L’actualité a montré que les sociétés positionnées sur ce segment du search s’arrachaient à prix d’or sur le marché. Le deal le plus polémique des trois derniers mois porte d’ailleurs lui-même sur un tel rachat, mais il suffit de remonter quelques trimestres pour se rendre compte que pas un seul des ténors du top 10 de l’industrie informatique n’est resté immobile sur ce volet. La destinée de ces technologies acquises n’étant pas toujours des plus claires, il semble que le marché promette encore de belles opportunités à ceux qui sauront innover.

Ainsi, dans cet élan global d’interconnexion, la sphère professionnelle (ou administrative) ne fera pas l’économie de systèmes pertinents pour la mise en perspective des résultats de recherches ; la question est plutôt de comprendre la façon dont doit se construire l’infrastructure nécessaire à l’émergence de ces interactions nouvelles, de ces services nouveaux, et donc à populariser des plateformes de recherches ouvertes, interopérables, et qui démontreront de leur capacité à intégrer des couches applicatives diverses, adaptées aux besoins immédiats des opérateurs.

Favoriser les initiatives Open Source dans ces couches basses d’infrastructures est une priorité. Les plus grands sites internet, carrefours économiques désormais incontournables, ont pris conscience de l’importance des aspects de flexibilité et d’évolution dans la fonction de recherche et les géants l’ont tellement bien compris que des sociétés comme Amazon, Facebook, LinkedIn ou encore Twitter ont développé des solutions personnalisées reposant sur des technologies open source, représentant des investissements considérables, et pris une longueur d’avance en la matière.

Pour autant, à nouveaux enjeux, technologies nouvelles ; la solution se trouve donc probablement dans des solutions intermédiaires, ouvertes, que ce soit dans les méthodes d’indexation de l’information, de recherche ou de visualisation, ouvrant ainsi des perspectives radieuses à bon nombre d’acteurs émergents.

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