C’est un cours d’analyse de la segmentation stratégique… Hermine est sur Facebook. Mais loin de regarder les photos de sa soirée, elle commente directement sur Facebook ,l’exposé de ses camarades et les slides qui défilent sur son écran.

Car depuis la rentrée 2012, l’école de commerce Audencia Nantes s’est lancée dans cette expérience, sous la houlette de Nicolas Minvielle professeur de stratégie ; il a d’abord créé un groupe privé sur le réseau social et a invité ses élèves à s’en servir, même hors des heures de classe.

Une interaction plus fluide et plus agréable

Petit à petit, le lien a pris entre le professeur et ses élèves. Alors que les étudiants n’ont pas forcement l’envie, ni le temps de suivre les intranets (réseaux internes des écoles), ou même de consulter leurs mails, ils sont en permanence connectés à Facebook. «Dimanche dans la journée j’ai reçu un article que le professeur nous demandait de lire pour le cours suivant.» D’habitude le dimanche Hermine a d’autres préoccupations, mais là elle l’a lu.

Cette présentation à la maison permet une fois en classe d’entrer dans le vif du sujet. «Les discussions sont animées, tout le monde trouve cinq minutes pour lire l’article et les élèves n’hésitent plus à poser des questions», commente Hermine, qui l’a parcouru sur son smartphone dans le métro. Son professeur semble du même avis: «Facebook a réellement permis de fluidifier les cours. Tout va plus vite, tout est plus spontané», explique Nicolas Minvielle.

La distance entre l’estrade et les étudiants disparaît. Pendant les études de cas, que les élèves préparent en groupe puis présentent devant le reste de la classe, Facebook devient l’interface entre le professeur et l’auditoire. «Les élèves qui dormaient auparavant au fond de la classe, participent maintenant en direct», s’amuse Nicolas Minvielle. Pendant la présentation, les élèves comme le professeur commentent, posent des questions, interagissent… «l’exposé devient vivant et je vois bien quels sont les points qui n’ont pas été compris et demandent à être approfondis.»

Former les professeurs aux usages pédagogiques du numérique

«Il faut que la page du groupe soit bien entretenue, ni trop dense, ni pas assez, que le professeur connaisse bien Facebook», dit un étudiant. «Je n’aimerais pas qu’il puisse voir toutes mes photos ou inversement.» commente un autre. Le réseau social devient un outils pertinent mais «des professeurs sont réfractaires, quand on leur parle d’internet pendant les cours», ils peuvent craindre des débordements explique Nicolas Mainville.

Au sein de l’enseignement supérieur ,certains professeurs cherchent à utiliser le numérique pour enrichir leurs cours, d’autres ne savent pas comment utiliser à bon escient les nouvelles technologies, les réseaux sociaux.

Le ministère a annoncé les grandes lignes de son plan digital lors des Assises de l’enseignement supérieur. Mais Yann Bergheaud, chef du Service universitaire d’enseignement en ligne de l’Université Jean Moulin - Lyon 3, déplore sur son blog le manque de moyens pour former les enseignants au numérique, «Nous avons parfois l’impression d’écoper la mer avec une cuillère.»

LIRE AUSSI:

» L’université de Nantes est la plus suivie sur Twitter

» Des boîtiers interactifs débarquent dans les amphis