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Publié le 14 juin 2011 Mis à jour le 14 juin 2011

L'ordre et le désordre en enseignement

Comment combiner les deux approches pédagogiques de sorte à atteindre l'objectif du dispositif de formation, à savoir favoriser l'autonomie dans les apprentissages.

Marcel Lebrun analyse finement un scénario connectiviste mis en place dans le cadre d'un projet du Réseau des chercheurs en technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement (RES@TICE) dans une vidéo publiée sur le blog "Si loin Si proche". (janvier 2009).

Le connectivisme est une théorie de l'apprentissage, développée par George Siemens et Stephen Downes, basée sur les apports des nouvelles technologies. "Essentiellement, écrit François Guité, le connectivisme constitue un modèle d’apprentissage qui reconnaît les bouleversements sociaux occasionnés par les nouvelles technologies, lesquels font en sorte que l’apprentissage n’est plus seulement une activité individualiste et interne, mais est aussi fonction de l’entourage et des outils de communication dont on dispose." Certains assimilent cette théorie à du socioconstructivisme, l'apprentissage individuel qui se réalise en interaction avec d'autres sujets.

Quoi qu'il en soit, la finalité de l'exercice mené par ce professeur de technologies éducatives n'est pas de se positionner pour ou contre une théorie d'apprentissage ; même s'il avoue à la fin être inspiré par le socioconstructivisme, il énonce dès l'introduction que tout dispositif pédagogique, quel qu'il soit, doit favoriser l'autonomie d'apprentissage des étudiants. Son analyse est construite autour de la métaphore de l'ordre et du désordre, termes employés de façon non péjorative pour désigner les deux principales options pédagogiques.

L'ordre et le désordre

Selon Marcel Lebrun, l'ordre correspond à l’enseignement traditionnel magistral en amphithéâtre. L’enseignant dispense les connaissances, fixe les règles et les étudiants sont évalués sur un produit : la copie d’examen. Tandis que le désordre correspond à un dispositif où l’étudiant est plongé dans un environnement avec des ressources qu’il doit manipuler seul ou en groupe. Alors que dans le premier cas, ce qui importe c’est le produit, dans le second on met l'accent sur le processus.

Chacun de ces deux types d'enseignement comporte ses avantages et ses inconvénients. Le premier ne nécessite que l'intervention d'un seul enseignant. Or, compte tenu de la complexité de la gestion du second, l'intervention d'autres acteurs est nécessaire. Christophe Batier, qui est l'auteur du scénario connectiviste en évaluation, avoue que l'une des difficultés de son enseignement est le rythme de l'apprentissage. Certains apprenants paraissent en retard sur les autres et il n'est pas toujours aisé de les remettre dans le bain. Enfin, certains étudiants avouent ne pas se retrouver dans le désordre des ressources et des interventions de leurs camarades. Bref, le primat du processus sur le produit ne semble pas avoir la cote en dépit des avantages qu'il offre en termes d'autonomie de l'apprentissage, de co-construction du savoir et de développement de compétences d'un niveau supérieur.

Combiner l'ordre et le désordre

Marcel Lebrun propose au terme de son analyse une combinaison des deux types d'enseignement. Laisser libre cours au processus mais cadencer la formation de sorte à avoir des moments consacrés à la production.

Un exemple intéressant qu'il fournit à l'appui de sa proposition est le suivant : demander aux étudiants eux-mêmes de produire de façon périodique une synthèse des avis déposés dans les forums, de rassembler des idées forces qui serviront de jalons à leur apprentissage. L'enseignant se voit déchargé de ce travail qui lui échoit normalement dans le scénario "ordonné". Les apprenants y gagnent en dépassant le stade de la description pour mobiliser des compétences en argumentation, évaluation, esprit critique et synthèse.

Une autre piste revient à mettre en place des moments d'autoévaluation sur la manière dont on apprend.

Le temps d'arrêt

Si en formation présentielle et à distance, le temps d'arrêt n'est pas toujours prévu et systématiquement défini, l'ordonnancement de la formation hybride se prête bien à cette démarche. On peut envisager que les regroupements en présence dans ce type de dispositif marquent l'arrêt, le temps nécessaire de la synthèse et de la métacognition.

Voir :

Analyse d'un scénario connectiviste, Stéphane Wattier, blog "Si loin Si proche (27 janvier 2009) (inaccessible actuellement)

Analyse du dispositif technopédagogique de type connectivisme mis en place pour l’étude Resatice, Causerie entre Marcel Lebrun et Christophe Batier, décembre 2008

La mayonnaise pédagogique, Causerie entre Marcel Lebrun et Christophe Batier, décembre 2008

Ordre et désordre dans l’enseignement et l’apprentissage avec le numérique, Marcel Lebrun

 

Illustration : permutation / woodleywonderworks / CC BY 2.0


Dossiers

  • La vie hybride

  • Ordre et désordre


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