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Mastodon, la riposte à Twitter

Sur ce réseau social, les Tweet sont nommés « pouets ». Mais la différence majeure de Mastodon, créé en 2016, c’est surtout l’absence de publicité et de surveillance. Un système qui a déjà conquis plus d’un million d’utilisateurs.

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Publié le 17 juin 2018 à 18h07, modifié le 17 juin 2018 à 18h07

Temps de Lecture 3 min.

Le réseau social Mastodon a été créé en 2016 par l’Allemand Eugen Rochko.

Un mammouth comme logo et des « pouets » au lieu des Tweet. Mastodon est le nouveau réseau social qui veut concurrencer Twitter et Facebook. Avec 1,2 million d’inscrits et 134 millions de messages échangés, le système créé en 2016 en est encore à ses balbutiements, mais il progresse vite grâce au travail de milliers de passionnés issus de tous les continents.

A première vue, le logiciel propose des services et une interface proches de ceux des grands réseaux américains, dont il s’est inspiré, et ses utilisateurs s’y comportent d’ailleurs un peu de la même façon. Mais en coulisses, tout est différent. Car Mastodon est un réseau horizontal composé de serveurs autonomes, sans point central ni poste de commandement. Le message de la page d’accueil est clair : « Pas de publicités, pas de surveillance privée, design éthique et décentralisation ! Vous êtes propriétaire de vos données ! »

Projet collectif

Le projet est né dans la tête d’un informaticien allemand aujourd’hui âgé de 25 ans : Eugen Rochko. « Je l’ai monté seul, à partir de logiciels libres et de protocoles existants. » Il a été ensuite rejoint par plusieurs équipes de codeurs, qui ont modifié son système – « au moins 175 personnes ont contribué à améliorer le système, je suis devenu coordonnateur d’un projet collectif. » Né en ­Russie, fils d’une linguiste et d’un économiste, Eugen Rochko est arrivé en Allemagne à l’âge de 11 ans. Sans surprise, ses motivations sont celles de la majorité des militants du logiciel libre : « J’ai voulu réagir contre la concentration des réseaux sociaux au sein de quelques méga-sociétés privées. Pour les citoyens de tous les pays, la communication mondiale instantanée offerte par les réseaux sociaux est devenue très importante, à tous égards. Elle devrait être gérée collectivement, comme un service public démocratique. »

« J’ai voulu réagir contre la concentration des réseaux sociaux au sein de quelques méga-sociétés privées. » Eugen Rochko, fondateur de Mastodon

Le deuxième cercle des participants au projet est constitué par les créateurs d’instances, qui ont téléchargé les logiciels du jeune informaticien et monté leur serveur local. Selon Eugen Rochko, cette architecture en fédération est en fait assez classique. « C’est un retour au modèle de gouvernance de l’Internet des années 1990, celui du “dictateur local” : un administrateur solitaire, ou une petite équipe, est l’unique propriétaire et opérateur de son site. » Début juin 2018, Mastodon comptait plus de 2 000 instances actives. Beaucoup d’entre elles sont généralistes et ouvertes à tous : les utilisateurs ont l’embarras du choix, et la plupart s’inscrivent sur un serveur où l’on parle leur langue. D’autres instances sont privées ou spécialisées, mais en réalité, peu importe, car la communication entre les instances est automatique.

Devenir « un réseau grand public »

A ce jour, Mastodon a surtout séduit le Japon, qui possède les deux plus grosses instances du réseau : Pawoo.net (375 000 membres) et ­Mstdn.jp (161 000). L’instance originelle mise en place par Eugen ­Rochko, Mastodon. social, est troisième, avec 162 000 membres. Puis viennent une autrichienne, d’autres japonaises, une américaine… La première française, Mastodon.xyz, réunit 15 800 membres. Elle a été ouverte dès avril 2017 par un lycéen breton de 17 ans, connu sous son pseudo TheKinrar. « A l’époque, ça m’a pris une heure. Aujourd’hui, cela irait encore plus vite, le système s’est amélioré », explique le jeune homme. Pour cela, il lui a suffi de louer trois serveurs chez un prestataire commercial et de mettre son instance en ligne. « J’étais un des premiers, les gens sont arrivés très vite. » La location lui coûte 60 euros par mois, qu’il couvre grâce à des dons d’utilisateurs. Aujourd’hui étudiant en informatique à Rennes, il continue à gérer le réseau, la charge de travail étant légère.

De son côté, Eugen Rochko, qui se verse un salaire grâce aux dons des sympathisants, se consacre à plein temps à son objectif : « Que Mastodon devienne un réseau grand public. » Déjà, des entreprises américaines utilisent ce système en interne. En France, la Direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’Etat (Dinsic) vient de créer son instance, destinée aux agents de l’Etat.

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